Les asanas plus en détail : Hatha Yoga Pradīpikā

Les asanas plus en détail : Hatha Yoga Pradīpikā

Mercredi, Novembre 1, 2023

Noms, descriptions et origines de certaines postures de yoga issues du texte Haṭha Yoga Pradīpikā.

Auparavant peu de description écrite était faite des postures.

Dans le Yogasūtra, la partie traitant de ce sujet ne comporte que trois aphorismes et ils sont très vagues quand à la manière de les accomplir.

Dans le premier chapitre de la Haṭha Yoga Pradīpikā intitulé « Pratique des āsana » (Prathamopadesa) sont exposées quinze  postures ou āsana.

Dans la Gheraṇḍa saṃhitā sont exposées trente-deux postures, et quatre dans la Śiva saṃhitā.

Ces trois textes sont appelés les « trois classiques du yoga » et sont les textes de référence pour étudier l'āsana. C’est d’ailleurs ceux que j’ai choisis pour documenter cet article en commencent par la Hatha Yoga Pradīpikā et le prochain article portera sur la Gheraṇḍa saṃhitā et la Śiva saṃhitā 😉

Les traités évoquant le Hatha Yoga codifièrent de plus en plus de postures au fil des siècles, passant d'une posture unique, avec padmāsana dans le Dattātreyayogasāstra (11e siècle), à quinze pour la Haṭhayogapradīpikā (15e siècle), jusqu’au nombre de cent-vingt-deux dans le Srītattvanidhi (19e siècle), pour arriver à nos jours avec une multitude de postures non chiffrables à l’heure actuelle.

Hatha Yoga Pradīpikā

Les 15 postures nommées dans la Hatha Yoga Pradīpikā sont :

  • SVASTIKĀSANA
  • GOMUKHĀSANA
  • VĪRĀSANA
  • KŪRMĀSANA
  • KUKKUTĀSANA
  • UTTĀNAKŪRMĀSANA
  • DHANURĀSANA
  • MATSYENDRĀSANA
  • PASCIMATĀNĀSANA 
  • MAYŪRĀSANA
  • SAVĀSANA
  • SIDDHĀSANA
  • PADMĀSANA
  • SIMHĀSANA
  • BHADRĀSANA

Extrait chapitre 1 : 

17. La prise de posture (āsana) formant le premier élément du Hatha-yoga est décrite tout d'abord. Elle a pour résultat la fermeté de la position, la disparition de toute maladie et la légèreté physique. La pratique des ásana a pour premier effet la fermeté de la posture (sthairya), qui est stabilité du corps et de l'esprit à cause de la destruction du guna rajas dont la nature est instabilité et agitation. Le second fruit est l'absence de toute maladie (ārogya), donc la suppression du premier type d'obstacles mentionné par Patañjali (I, 30) comme cause de la dispersion de l'esprit. Le troisième fruit, la légèreté physique (anga-lāghava) est dû à la destruction du guna tamas, dont la prépondérance dans le corps engendre la sensation de lourdeur, l'inertie, la torpeur et la paresse. Le but des āsana est donc de maîtriser rajas (l'agitation) et lamas (l'inertie) et d'accroître la proportion du guna sattva dans le corps.

18. Je vais décrire quelques āsana adoptés par des muni tels que Vasistha et des yogin tels que Matsyendra.

SVASTIKĀSANA (Āsana du croisement)

19. Lorsqu'on a correctement inséré la plante de chaque pied entre la cuisse et le mollet (opposés), et qu'on est bien assis, le corps droit, c'est ce qu'on appelle le svastikāsana.

GOMUKHĀSANA (Āsana du mufle de vache)

20. On doit placer le talon droit du côté gauche du bas du dos et le talon gauche du côté droit du bas du dos : c'est gomukhāsana, qui ressemble au mufle d'une vache.

VĪRĀSANA (l’āsana du héros)

21. Placer un pied sur l'une des cuisses, cette cuisse se trouvant au-dessus de l'autre pied : cela est vīrāsana. Placer par exemple le pied droit sur la cuisse gauche et la cuisse gauche au-dessus du pied gauche (c'est-à-dire le pied gauche sous la cuisse gauche).

KŪRMĀSANA (āsana de la tortue)

22. S'asseoir précautionneusement en comprimant l'anus avec les deux talons en ordre inverse (le talon droit du côté gauche et le talon gauche du côté droit) constitue le kūrmasāna, ainsi savent les connaisseurs du yoga.

KUKKUTĀSANA (āsana du coq)

23. Ayant pris la position de padmāsana, insérer les deux mains entre les cuisses et les mollets, et, les plaçant sur le sol, se soulever et se tenir en l'air, c'est le kukkutāsana. Cette posture imite la position du coq debout sur ses deux pattes.

UTTĀNAKŪRMĀSANA (āsana de la tortue renversée)

24. Lorsque, partant de la posture du kukkutāsana, on joint les mains derrière la nuque, cela devient uttānakūrmāsana, ressemblant à une tortue renversée sur le dos.

DHANURĀSANA (āsana de l'arc)

25. Saisissant les deux gros orteils avec les deux mains, les tirer à soi jusqu'aux oreilles en bandant le corps comme un arc, s'appelle le dhanurāsana.

MATSYENDRĀSANA (l'āsana de Matsyendra)

26. Le pied droit doit être placé à la base de la cuisse gauche, et le pied gauche contre le genou (droit), Contournant le genou par l'extérieur. Que le yogin demeure dans cette position, saisissant ses pieds et le corps tourné dans la direction opposée. C'est l'asana enseigné par Sri Matsyanatha.

27. Cette posture de Matsyendra stimule le feu digestif, elle est l'arme puissante qui brise le cercle des maladies terribles. Sa pratique répétée confère aux hommes l'éveil de Kundalini et la stabilisation du nectar lunaire.

PASCIMATĀNĀSANA (āsana de l'extension dorsale)

28. Ayant étendu les deux jambes sur le sol, droites comme des bâtons, il faut saisir les deux pointes des pieds avec les bras, et posant la région du front sur les genoux, demeurer dans cette position ; c'est ce qu’on nomme pascimatāna.

29. Cet asana prééminent, pascimātāna, fait circuler le courant vital à l'arrière du corps (dans la susumnā nādī). Il ranime le feu digestif, amincit le ventre, et confère la santé.

MAYŪRĀSANA (La posture du paon)

30. Prenant appui sur la terre avec les deux mains, placer les coudes de chaque côté du nombril et soulever le corps dans l'espace tout en le gardant bien droit. On dénomme cette posture mayūrāsana.

31. Cet āsana élimine rapidement toutes les maladies, à commencer par la dilatation de la rate et l'hydropisie, et vient à bout de tous les troubles. Il consume entièrement toute nourriture malsaine ou prise en excès, vivifie le feu digestif, et digère même les poisons mortels.

SAVĀSANA (l'āsana du cadavre)

32. Etre allongé sur le sol comme un cadavre étendu sur le dos, c'est savāsana. Savāsana dissipe la fatigue et apporte à l'esprit le repos. Savāsana est la posture de « relaxation » par excellence. Le sol doit être plat, la colonne vertébrale droite, les paumes tournées vers l'extérieur (selon la manière traditionnelle de disposer les morts), le dos doit adhérer au sol comme dans le sommeil. Le but de cette posture est de dissiper la tension et la fatigue provoquées par l'exercice des āsana, et grâce à l'interaction du corps et de l'esprit, d'amener aussi la pensée à un état d'immobilité et de repos total.

33. D'entre les quatre-vingt-quatre āsana enseignés par Śiva, je choisis les quatre essentiels, et je vais les expliquer.

34. Ces quatre sont siddhāsana, padmāsana, simhāsana et bhadrāsana, les meilleurs d'entre tous les āsana. Et même parmi ceux-ci, siddhāsana, étant le plus confortable, doit être pratiqué toujours.

SIDDHĀSANA (l'āsana parfait ou āsana des Siddha)

35. Ayant appliqué la plante de l'un des pieds contre la région périnéale, on doit placer fermement l'autre pied au-dessus de l'organe sexuel. Pressant solidement le menton contre la poitrine, on doit se tenir droit, restreindre ses sens, et regarder fixement l'espace entre les sourcils. Ceci est proclamé le siddhāsana qui ouvre de force les vantaux de la libération.

36. Lorsqu'on place la cheville gauche au-dessus de l'organe sexuel, et qu'on dispose par-dessus la cheville gauche l'autre cheville de la même façon, c'est aussi le siddhāsana.

37. On appelle cette posture siddhāsana; d'autres la connaissent comme vajrāsana; certains la nomment muktāsana, d'autres encore guptāsana.

38. De même qu'une alimentation mesurée est pour les Siddha le premier des yama, et la non-violence le premier des niyama, de même les Siddha considèrent le siddhāsana comme le principal d'entre tous les āsana.

39. D'entre les quatre-vingt-quatre postures, siddhāsana doit être pratiqué sans cesse, car il purifie les soixante douze mille nādī de toute impureté.

40. Un yogin qui médite sur le Soi et mange avec modération pendant douze ans, arrive à l'accomplissement final par la pratique incessante du siddhāsana.

41. Quel besoin des innombrables autres postures, lorsqu'on a atteint la perfection en siddhāsana, et que le souffle est soigneusement restreint par le kevala kumbhaka ?

42. Si seulement le siddhāsana est maîtrisé et fermement établi, sans effort, de lui-même, apparaît le stade de suspension des fonctions de l'esprit (unmanī kalā), et les trois ligatures (bandha) s'effectuent sans difficulté, spontanément.

43. Il n'y a pas d'āsana qui égale siddhāsana, pas de kumbhaka comparable à kevala kumbhaka, pas de mudrā pareille à khecharī, et pas d'absorption de l'esprit (Laya) semblable à celle en nāda.

PADMĀSANA (l'āsana du lotus)

44. Placer le pied droit sur la cuisse gauche et de la même façon le pied gauche sur la cuisse droite. Saisissant fermement les deux gros orteils avec les mains passant par-derrière le dos, appliquer le menton contre la poitrine et diriger le regard vers la pointe du nez. Ceci est nommé par les yogin le padmāsana, destructeur de toutes les maladies.

45. Disposer sur les cuisses les deux pieds, la plante tournée vers le haut. Au milieu des cuisses, placer les deux mains la paume vers le haut semblablement.

46. Diriger le regard vers la pointe du nez, appuyer la langue contre la racine des incisives et le menton contra la poitrine, et lentement faire monter le souffle.

47. Cela est proclamé le padmāsana, destructeur de toute maladie, difficile à atteindre pour l'homme ordinaire, accessible seulement aux sages en ce monde.

48. Prenant bien fermement le padmāsana, joindre les mains en forme de coupe, et enfoncer fortement le menton contre la poitrine ; tout en contemplant Cela dans le cœur, on doit maintes et maintes fois pousser vers le haut l'apāna vāyu et pousser vers le bas le prāna inspiré. Celui qui accomplit ceci atteint par la puissance de la Śakti à un éveil incomparable.

49. Le yogin établi en padmāsana, qui a la capacité de retenir le souffle inspiré par la porte de la nādi, est un homme libéré, on n'en saurait douter.

SIMHĀSANA (l'āsana du lion)

50. On doit placer les deux chevilles sous les testicules, de chaque côté de la sìvanì, la cheville gauche du côté droit et la cheville droite du côté gauche.

51. Posant les mains sur les genoux, les doigts écartés, la bouche grande ouverte, l'esprit bien concentré, fixer le regard sur la pointe du nez.

52. Ceci est le simhāsana, honoré par les héros d'entre les yogin, l'asana excellent qui opère la coordination entre les trois bandha.

Voilà cela vous donne un petit aperçu de certaines postures de yoga, leurs origines et significations, leurs utilités et la façon de les mettre en œuvre 😉

Si vous voulez en savoir plus sur l’origine et l’historique des asanas je vous redirige vers mon première article sur le sujet :

➡️ https://purusha-yoga.fr/articles/les-asanas 😉

Dans le prochain article je continuerais d'aborder les asanas plus en détail avec deux autres des textes majeurs relatifs aux asanas : la Gheraṇḍa saṃhitā et la Śiva saṃhitā 🤗

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