Le Yoga

Le Yoga

Mercredi, Janvier 25, 2023

Qu'est ce que le yoga ?

La légende raconte que, il y a plusieurs milliers d'années, Shiva, le premier des yogis (Adiyogi), s'est assis sur les berges du lac Kanti Sarovar, dans l'Himalaya, pour transmettre son savoir aux Sept grands sages, les Saptarishis.

Ce « savoir » fut transmis oralement pendant des siècles, de brahmane à brahmane, et donna naissance à plusieurs écoles philosophiques dont le yoga fait partie.

Ces maîtres ont essaimé la science yogique dans différentes parties du monde, dont l'Asie, le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et l'Amérique du Sud. D'où certaines concordances dans les traditions philosophiques et spirituelles dans différentes régions du globe.

D'après le gouvernement indien, les premières traces du yoga remontent à 2700 avant notre ère, à l'époque de la civilisation de la vallée de l'Indus, dans l'Antiquité.

Au fil du temps, le yoga s'est transmis de manière orale et à travers certains textes spirituels et fondateurs, jusqu’à devenir ce que l’on connaît aujourd’hui.              

Étymologie

Grammaticalement, le mot yoga (योग) est, dans la langue sanskrite, un nom masculin construit par adjonction à la racine YUJ d'une voyelle thématique « a ».

Sémantique

Dérivé de la racine sanskrite yuj, le mot yoga désignait en premier lieu l'attelage, les hymnes védiques l'employaient pour nommer l'action d'atteler les chevaux célestes au char du dieu Indra ou à celui du dieu Sürya puis, par glissement sémantique, en est venu à désigner le lien entre l'esprit et une idée qui le transcende.

Il peut également avoir les sens suivants : méthode pour dresser les chevaux, technique, discipline spirituelle, état d'union ou d'unité de l'être subjectif avec le suprême.

Sous l'influence (entre autres) du vedanta de Shankara, yuj sera réinterprétée au sens d'union (ou non-dualité) entre l'atman et le brahman, alors qu'à l'époque du Yoga-sutra, il s'agit au contraire de désunion (ou dualité), la monade spirituelle (purusha) devant s'affranchir définitivement du monde.

Le sens du terme yoga est donc très large en Inde, et ne se limite pas à une pratique sportive ni même méditative.

« Certes, il y a des occurrences du mot yoga dans des textes multimillénaires. Mais il n’avait pas du tout le même sens, désignant ici une éthique de guerre, là une façon d’atteler les chevaux, ailleurs une forme d’action ».

Marie Kock, yoga une histoire monde                 

 Origine

On retrouve le mot yoga dans le Rig-Véda dont la composition remonte entre le 15e et 5e siècle av. J.-C.

Il n’y est toutefois pas employé au sens de la discipline spirituelle, mais dans d’autres, tel qu’attelage. Ce n'est qu'à partir de certaines Upanishads tardives, telles que la Shvetashvatara-upanishad qu'il est mentionné. C'est entre le 2e siècle av. J.-C. et le 5e siècle après J.-C. qu'est codifiée la philosophie du yoga dans les Yoga-sûtra, texte de référence attribué à Patañjali et synthèse de toutes les théories existantes sur le sujet.

                   TEXTES MAJEURS

Les Védas

Les Vedas sont un ensemble de quatre textes, parole sacrée révélée aux sages Indiens au 15e siècle avant notre ère.

C'est dans le plus ancien de ces hymnes, le Rig Veda, qu'apparaît pour la première fois le mot yoga, employé dans son sens « attelage ». Il est utilisé à propos du char d'Indra (le roi des dieux) ou de celui de Surya (le soleil), mais il n'est pas fait mention de la pratique que nous connaissons.

Le terme yoga apparaît à également dans l'Atharva Veda, le quatrième texte sacré, qui traite principalement de magie. Il est à nouveau utilisé dans son sens de « joug », précisant cette fois-ci que c'est la respiration qui a besoin d'être maîtrisée.

Les Upanishads

Écrites sur une période s'étalant du dernier millénaire avant notre ère au premier millénaire suivant, les Upanishads sont la conclusion et le prolongement des Védas. Elles constituent le fondement de la philosophie du Vedanta (littéralement la « fin des Védas » ).

Il existerait 1 180 Upanishads et il est courant d'en recenser 108 majeures et mineures, dont 20 consacrées au yoga, le décrivant comme voie d'union et de connaissance. C'est dans ces textes philosophiques que l'on trouve la première allusion concrète au yoga comme voie de libération de la souffrance inhérente à l'être humain.

La bhagavad gîta

Composé entre les 5e et 2e siècles avant notre ère, la Bhagavad-Gītā (qui signifie le chant du bien heureux) est un texte essentiel dans la pensée religieuse hindouiste, qui aborde les différentes voies du yoga et leurs philosophies.

Elle s'articule en dix-huit sous-chapitres, étant elle-même un des chapitres du Mahābhārata.

Les Yoga Sutras de Patañjali

Texte fondateur du yoga, ce traité est composés de 195 aphorismes, compilés en quatre chapitres entre le 2e siècle avant J.-C. et le 5e siècle après J.-C., par le sage Patanjali.

Ces aphorismes définissent le yoga comme « l'arrêt des fluctuations du mental » (Y.S. I.2).

Ils traitent de l'univers intérieur de l'homme et des moyens à mettre en œuvre pour se libérer de la nescience (avidyā), entraînant la souffrance.

Hatha yoga pradipika

Le Hatha yoga a été codifié dans trois textes de référence : le principal, la Hatha Yoga Pradipika, et deux traités écrits postérieurement, la Gheranda Samhita et la Shiva Samhita.

La Hatha Yoga Pradipika (qui signifie en sanskrit, petite lampe du yoga), a été rédigée par le sage Swami Svatmarama au 15e siècle.

Ce traité, d'inspiration tantrique, décrit le yoga comme une étape préparatoire au Raja yoga, le yoga royal, qui mène à la paix absolue (samadhi).

             LES HUIT MEMBRES DU YOGA

L'Astanga Yoga, ou système des huit membres (ou les huit étapes, asta signifiant « huit » et anga, « membre » ), codifié par Patañjali dans son Yogasútra pour guider les pratiquants sur le chemin de l'éveil.

Yama et niyama

Ce sont en quelque sorte les dix commandements du yogi.

Les Yamas

Les Yamas composent le socle des normes éthiques régissant notre comportement ou règles de vie en société :

  • Ahimsã (la non-violence ou l'état constant de paix)
  • Satya (la vérité)
  • Asteya (le non-vol ou l’honnêteté)
  • Brahmacarya (la modération)
  • Aparigraha (non-possession ou détachement)

Les Niyamas

Les Niyamas ou règles de vie personnelles concernent l’autodiscipline et les observances spirituelles :

  • Saucha (la propreté ou la pureté)
  • Santosa (le contentement)
  • Tapas (discipline ou engagement)
  • Svâdhaya (la connaissance de soi)
  • Isvarapranidhana (lâcher-prise ou l’abandon au divin)

Ásana

La partie traitant des postures dans le Yogasútra ne comporte que trois aphorismes.

Les postures mentionnées par patanjali ne servaient qu'à pratiquer Prânayāmã (le contrôle de l'énergie par le souffle), Dhárana (la concentration) et Dhyana (la contemplation ou l'état de méditation) pour pouvoir atteindre Samadhi (l'éveil).

Pranayama

Patanjali précise que les exercices sur le souffle viennent après l'éthique (yamas et niyamas) et la posture (asana) :

« Ceci accomplit, on expérimente le pranayama ».

Pratyahara

Lorsque « les organes sensoriels n'entrent plus en contact avec les objets de perception correspondant à ces sens, mais se tournent vers la nature de l'esprit » commence Pratyāhara, le retrait des sens.

Dharana

Premier pas de la pratique de la méditation, Dharana, est l’état de concentration.

Dhyāna

L'état de méditation ou l’état de contemplation.

Samadhi

L’état de méditation permanent ou l'état d'absorption est le dernier des huit membres.

                        HISTOIRE

Antiquité

Dans les années 1920, une équipe d'archéologues dirigée par John Marshall découvre des ruines sur les bords de l'Indus (Pakistan actuel) de la cité de Mohenjo-Daro qui aurait été fondée trois mille ans avant notre ère.

Parmi les objets mis au jour lors de ces fouilles, des sceaux illustrés d'un personnage assis en tailleur laissant penser à une posture (asana) du hatha-yoga ont provoqué un débat, sans qu'il y ait la moindre certitude sur la possibilité que le yoga ait existé à une époque plus antérieure à ce que l’on croyait, dans la civilisation de l’Indus-Sarasvati.

Selon la thèse de l’invasion aryenne, vers le 17e siècle av. J.-C., les Aryens auraient envahi le Penjab, amenant avec eux leur civilisation codifiée, les Vedas, racine de l’Hindouisme auquel se rattachera le yoga.

Ils s’imprègnent des traditions autochtones du Nord de l'Inde, notamment les pratiques yogiques, qui selon certains auraient existé originellement chez les Induséens.

Les archéologues et historiens actuels considèrent que l’assèchement de la Sarasvati, dû à des raisons climatiques, a obligé les populations de la civilisation de l’Indus à se déplacer vers l’Est. L'immense majorité des indianistes considère toutefois que le Véda date du 15e siècle av. J.-C.

Vers le 7e siècle av. J.-C., les Upaniṣad forment le troisième et dernier groupe scripturaire de la révélation védique.

Vers le 4 siècle av. J.-C. les Yoga Sūtra et la Bhagavad-Gītā sont rédigés, ils deviendront les textes de référence du yoga.

Période contemporaine

Au milieu du 19e siècle, certains ouvrages occidentaux en langue française commencent à utiliser le mot yoga.

En 1851, le médecin N. C. Paul publie Treatise on Yoga Philosophy comme une tentative d'approche scientifique du sujet.

En 1893, le yoga se fait particulièrement connaître aux États-Unis à l'occasion du Parlement des religions de l’Exposition universelle à Chicago, première fois que l’Occident reçoit un moine hindou, Vivekananda, disciple de Râmakrishna, un des principaux maîtres spirituels de l’Inde du 19e siècle. En 1896, il publie le livre Raja Yoga, son interprétation du Yoga sūtra de Patañjali adaptée aux Occidentaux.

Au 20e siècle, le yoga tel qu'il est surtout connu de nos jours en Occident se développe sous différentes formes de yoga postural.

« Le yoga tel que nous le connaissons, le cours collectif de yoga postural, avec son enseignement de maître à élèves, et non de maître à disciple, il n’a pas plus d’un siècle. [...] Les premières postures dynamiques ne datent en fait que du 15e siècle. Quant à la salutation au soleil, l’enchaînement de postures par excellence, elle n’apparaît vraiment qu’au 18e siècle ».

Marie Kock

En 1924, Sri Tirumalai Krishnamacharia fonde une école de yoga qui va modéliser le hatha-yoga tel qu'il est connu en Occident et renverse la façon d’entrer dans la pratique en la présentant comme un moyen de parvenir aux dispositions spirituelles qui, auparavant, étaient conçues comme un préalable. Krishnamacharia ouvre une école à Mysore en 1924, influencée par la culture physique britannique et la gymnastique suédoise : l'ambition est de créer un « art du corps » indien, qui puisse rivaliser avec ce qui existe alors en Occident.

B. K. S. Iyengar, un de ses élèves, créera son propre style, le Yoga Iyengar, et publiera en 1966 le livre Light on Yoga qui aura une influence importante dans la diffusion du yoga postural.

Un autre de ses élèves, Pattabhi Jois, va développer le style physique et dynamique Ashtanga Vinyasa Yoga qui sera largement pratiqué en Occident.

En 1924, Paramahansa Yogananda, s'installe à Los Angeles.

Il fonde l'organisation Self-Realization Fellowship.

L'enseignement qu'il promeut, le kriya yoga, ainsi que celui d'autres yogis, aura un retentissement conséquent à l'occasion du mouvement hippie dans les années 1960.

Le yoga s'est alors américanisé, et l'idée philosophique de « délivrance » a été remplacée par celles, plus consuméristes, de « guérison » et de « bien-être ».

L’Autobiographie d'un Yogi de Yogananda sera un best-seller, influençant notamment George Harrison, et déterminant le séjour des Beatles en Inde en 1968 pendant leur période hippie, entraînant une curiosité pour l'Inde des yogis dans tout l'Occident.

Ce nouveau succès va s'accompagner de dérives autour du phénomène yoga : gourous sans réelle formation traditionnelle, discours pseudoscientifiques et New Age, pratiques de plus en plus éloignées de la mystique indienne ou caricaturées dans le cadre de dérives sectaires ou sexuelles, marchandisation, tourisme de masse.

Selon l'historienne Meera Nanda,  le yoga contemporain est un exemple unique en son genre de création véritablement mondiale, dans laquelle des pratiques orientales et occidentales ont fusionné pour produire une discipline estimée dans le monde entier. L’hindouisme, antique, médiéval ou moderne, n’a aucun droit de propriété particulier sur le yoga postural du 21e siècle. Affirmer le contraire serait une erreur grossière»

D'autres estiment que le yoga tel qu'il est majoritairement pratiqué dans certains pays est devenu un assemblage ou patchwork de pratiques corporelles occidentales comme la gymnastique suédoise ou le bodybuilding de la fin du 19e siècle.

    TRADITIONS DU YOGA NON HINDOUISTES

Bouddhisme et yoga

Le yoga possède des éléments communs aux croyances et pratiques religieuses des religions dharmiques.

La forte influence du yoga est perceptible dans le bouddhisme, par ses austérités et ses exercices spirituels.

La méditation dhyāna propre au bouddhisme est la pratique qui se rapproche le plus du yoga.

Cittamātra

Cittamātra, est l'une des écoles du bouddhisme mahāyāna. Elle est parfois nommée vijñānavāda, voie de la conscience, vijñānaptimātra, la conscience seule, ou encore yogācāra, pratiquants du yoga.

Shingon

Le Shingon est une école bouddhiste vajrayâna japonaise, fondée au 8e siècle par le moine Kûkaï.

Il s'agit de fusionner son esprit avec Maha Vairocana le bouddha cosmique (Daïnitchi-Nyoraï en japonais) par la réalisation des trois mystères « traïguya-yoga», celui du corps, de la parole, et de la pensée.

C'est-à-dire d'effectuer simultanément un geste symbolique avec les mains (une mudrâ), répéter un mantra et de se visualiser comme la divinité bouddhique pratiquée. Réalisant ainsi le Mahamudra ou grande union.

Les textes de référence de cette école bouddhiste sont le Mahavairocana tantra et le tantra du pic du vajra.

Le nom d'un certain nombre de divinités laisse aussi penser qu'il y aurait un rapport entre des éléments tirés du kundalini yoga et cette forme de tantrisme, ainsi uchussma ou encore gundali des protecteurs, ou enfin la principale divinité irritée achalanatha, l'immuable, qui est un des noms de shiva. Il est parfois représenté sous la forme d'un dragon serpentant autour d'une épée de feu.

Bouddhisme tibétain

Dans le Vajrayāna, le mandala intérieur est l'anatomie du corps subtil ou éthérique, permettant la maîtrise des souffles (prāṇas), des canaux (nādīs), des gouttes (bindus), et des centres de conscience, ou roues d'énergie, appelées chakra. Les pratiques qui y sont liées spiritualisent le corps en faisant un instrument de réalisation, et s'apparentent aux haṭha yoga et kuṇḍalinī Yoga hindous. Quant au mandala extérieur, on le déploie par le yoga de la déité (Yidam).

Le yoga tibétain associe des techniques respiratoires, des exercices rythmiques, des pratiques mantriques ; il s'inspire des pratiques du Yogi Naropa et des exercices internes similaires au Qi Gong.

Jaïnisme et yoga

Les cultures religieuses et yogiques du sous-continent indien étant fort vaste, les croyants du jaïnisme pratiquent des méditations rappelant celles du yoga : le dhyana, un exercice de concentration, fait partie des rituels quotidiens du moine ascète jaïn. La tradition jaïne dit que tout bon croyant, s'il pratique les pujas et les autres disciplines spirituelles données par le jaïnisme, trouve inutile toute forme de yoga classique.

Le jaïnisme pourrait avoir influencé le yoga, car les débuts de cette religion sont antérieurs au 9e siècle avant notre ère.

De plus, leurs cinq règles morales de base (ahimsâ, satya, asteya, brahmacharya, aparigraha) sont exactement les mêmes que celles du Raja yoga de l'hindouisme (les yamas).

Égypte et yoga

Selon Yogacharya Babacar Khane, les recherches qu'il a menées en Égypte en compagnie de son épouse, Geneviève Khane, lui ont permis de mettre en lumière la présence en Égypte d'une forme de yoga égyptien très proche du haṭha yoga de l'Inde.

Le yoga égyptien comporte des postures identiques à celles de l'Inde : position du lotus, du cobra royal, du pont, de la charrue… Mais en plus des attitudes spécifiques qui se caractérisent par leur verticalité.

Ce type de yoga permet un redressement progressif de l'arbre vertébral et des épaules ; il libère tous les étages pulmonaires, permet de retrouver une capacité respiratoire normale et un regain de dynamisme et de vitalité. Les mouvements combinés, réclament une attention soutenue, développant le pouvoir de concentration et ce que la voie du ch'an appelle « la présence au présent ».

              APPROCHE PHILOSOPHIQUE

Le Yoga dans la philosophie indienne

Le yoga est l'un des six points de vue (darśana) des philosophies indiennes āstika (qui reconnaissent l'autorité du veda) dont le but est la libération (moksha).

Ils fonctionnent par paires : nyāya et vaiśeṣika, sāṃkhya et yoga, mīmāṃsā et vedānta. Ces darśana sont considérés comme essentiels pour obtenir une vue complète de la réalité. C'est en effet la juxtaposition de ces six voies de la connaissance qui permettrait de saisir une idée d’ensemble.

Au Sāṃkhya, système dualiste et athée, le yoga emprunte de nombreux éléments théoriques dont : le Purusha la Prakrti et les guṇa.

« Celui qui demeure dans le champ de l'ignorance, est victime des cinq obstacles que sont l'ignorance, l'ego, l'attachement tout autant matériel qu’à ses propres idées, la répulsion et la peur de la mort ».

Swami Lakshman Ji, Le Sivaïsme du Cachemire

Le yoga en Occident

Le but du yoga selon la conception occidentale est la quête d'une harmonie, d'une unité du corps et de l’esprit. Pour Patañjali, c'est aussi la cessation des modifications du mental (citta), sources du karma. Cet état s'inscrit dans l'instant présent, et est potentiellement accessible à tout être humain.

Au cœur du yoga, il y a un message important : tout être humain est naturellement équilibré et entier, car le Soi ne peut être ni détruit ni endommagé.

C'est là notre nature inhérente, et le yoga est la voie vers une plus grande conscience de cette entité intérieure, le Soi.

« De même, mon fils, en vérité l'Être pur imprègne tout, que tu le perçoives ou non. Cet Être qui est l'essence la plus subtile de toute création, la réalité suprême, le Soi de tout ce qui existe, Shvetaketu » Chandogya Upanishad

Le yoga est une philosophie sans exclusivité : toutes les convictions, même religieuses, peuvent y trouver leur compte.

Pour autant, le yoga n'est pas une religion. Il propose l'union, les choix religieux ou non-demeurant respectés.

Jean Varenne, indologue français, écrit en 1971 dans son introduction des Upanishads du yoga, que « la vogue récente du Yoga en Occident » oublie ses fondements métaphysiques et philosophiques pour n'en retenir que ses aspects corporels :

« On n'en a retenu que les aspects soi-disant « pratiques » (gymnastique corporelle, ralentissement de la respiration) […] pour « se maintenir en forme ». Rappelons encore que ces gestes (s'asseoir en tailleur, respirer lentement) ne sont rien au regard du Yoga véritable s'ils ne sont pas précédés de la stricte observance des disciplines (yama et niyama) et s'ils ne sont pas ordonnés à la recherche de l'état de kaivalya par l'intermédiaire du retrait des sens et de la dissolution de la pensée. Mais surtout, le Yoga n'est rien s'il n'est pas vu dans l'ensemble d'une conception du monde (darshana) qui ne peut être disséquée et « triée ». Mieux vaut sans doute l'étudier pour lui-même et par accès direct aux textes. »

Jean Varenne, Upanishads du yoga.

                        PRATIQUE

Il existe de nombreuses voies et styles de yoga liés aux différentes aspirations individuelles et aux divers aspects de notre nature.

Quatre voies traditionnelles majeures résument ces directions.

Au sein d'une même voie (mārga), il peut exister des courants différents.

Le yoga n'est pas une pratique élitiste et s'adapte à chaque pratiquant.

Dénué de tout esprit de compétition et d'objectif à atteindre, n'importe qui peut s'y adonner, quel que soit l'âge, l'état, la religion, malade ou bien portant.

En 2017, la France compte ainsi près de 2,5 millions de pratiquants.

Longtemps considérée comme une discipline féminine et pratiquée essentiellement par les seniors, le yoga se démocratise et attire de nouveaux pratiquants chaque année.

Quatre voies traditionnelles

Selon les anciennes écritures du Vedanta, il existe quatre grandes voies (marga) du yoga pour atteindre la libération.

La voie de la dévotion : le Bhakti Yoga

Le Bhakti Yoga se pratique par les chants, la récitation de mantras, la puja, ainsi que d'autres cérémonies rituelles.

La voie de la connaissance : le Jñana Yoga

Yoga dont le but est d'atteindre la connaissance transcendante.

La voie de l'action désintéressée : le Karma Yoga

Cette voie purifie le cœur et dissout l'ego en invitant son pratiquant à se détacher des fruits de ses actions.

La voie royale par le contrôle de l'esprit et par la méditation : le Raja Yoga

Cette voie consiste en une approche méthodique de la pratique du yoga visant à purifier et à contrôler les fluctuations du mental.

       AUTRES FORMES DE YOGA ANCIENNES

kriyā yoga

C’est un yoga qui vise à conduire vers la libération grâce à des techniques pratiques utilisant la concentration et l'énergie.

Haṭha yoga

Consiste principalement à l'éveil spirituel par les postures correctes (āsana), la discipline du souffle (prāṇāyāma) et la méditation (dhyāna).

Mantra-yoga

Le but de sa pratique peut être un bienfait matériel ou spirituel.

Tantra-yoga

Enseigne un ensemble de techniques qui permettent aux énergies de circuler librement dans tout le corps et aboutissent à un état de conscience modifié

Kuṇḍalinī yoga

Cette approche travaille sur la conscience méditative à travers des enchaînements de postures.

          PRATIQUES MODERNES DÉRIVÉES

Les racines contemporaines

« Personne ne naît sage, la sagesse vient des efforts personnels de chacun ».

Sri T. Krishnamacharya.

Au début du 20e siècle, Krishnamacharya celui que l'on surnomme le « père du yoga moderne » enseigne à la famille royale de Mysore, ville du sud de l'Inde bien connue des yogis. Il délivre une approche très posturale et vigoureuse, en contraste avec le yoga de l'époque. En effet, jusque-là, les exercices respiratoires et la méditation étaient privilégiés.

Mais avec l'occupation britannique, l'Inde connaît un engouement sans précédent pour la culture physique.

Le yoga de Krishnamacharya se nourrit d'asanas traditionnelles, de gymnastique occidentale et de pratiques très physiques redécouvertes dans des textes anciens. De nombreux jeunes enfants, principalement des garçons, étudient ce yoga moderne auprès de lui dans les années 1930.

Parmi eux, quatre sont devenus des maîtres à leur tour et ont créé parmi les plus grandes écoles de yoga présentes dans le monde actuellement :

B.K.S. Iyengar, qui a donné son nom à une pratique rigoureuse le yoga Iyengar, Sri K.Pattabhi Jois, créateur du Ashtanga yoga, T.K.V. Desikachar, créateur du Viniyoga, et Indra Devi, la première femme à diffuser le yoga en Occident.

Le yoga Iyengar

Les postures sont tenues longtemps dans un alignement exigeant et ajustées avec des supports si nécessaire.

Le Yoga Ashtanga

Dans cette approche, les asanas sont enchaînées sur le flux respiratoire, à un rythme relativement soutenu, dans un ordre toujours identique, ce que l'on appelle des séries.

Le Viniyoga

Se caractérise par l'intégration du mouvement à la respiration et par un enseignement personnalisé qui s'adapte à chaque individu.

Le yoganidrā ou yoga du sommeil

Cette technique est une forme de méditation en position allongée permettant au pratiquant d'agir sur son inconscient.

Le sahaja yoga

C’est une pratique de méditation et de transformation spirituelle à la base de laquelle on trouve l'expérience de l'éveil de la Kundalini ou réalisation du soi.

Le yoga Bikram

C’est une forme de hatha yoga pratiqué dans une pièce chaude.

Le Yoga Intégral

Propose une intégration équilibrée des postures, de la respiration, de la méditation et de la relaxation.

Le Kripalu Yoga

Une danse du corps, de l'esprit et de l'énergie, avec une insistance sur les techniques respiratoires.

Le Yoga Sivananda

Les cours sont donnés par l'organisation Sivananda, dans ses propres centres. On insiste sur la pensée positive, la méditation, la respiration, la relaxation et l'alimentation.

Il existe de nombreuses autres formes de yoga, j’y reviendrais dans un prochain article 😉

              LES BIENFAITS DU YOGA

Physiquement

  • Améliore la circulation sanguine et la fonction cardiaque
  • Augmente la densité osseuse
  • Améliore la mobilité des articulations
  • Développe la souplesse
  • Développe la force corporelle
  • Améliore l’équilibre
  • Améliore la digestion et l'élimination
  • Équilibre les hormones
  • Apaise le système nerveux
  • Meilleure écoute du corps
  • Améliore le sommeil

Mentalement

  • Améliore la concentration
  • Participe à l’équilibre personnel
  • Améliore la patience et la persévérance
  • Permet d’avoir un mental moins encombrés, plus clair

Émotionnellement

  • Améliore la confiance en soi
  • Équilibre les sautes d'humeur
  • Améliore notre relation à nous-même
  • Améliore notre relation aux autres
  • Aide à accepter ce qui est et ne peut être changé

Spirituellement

  • Ouvre l’esprit et la porte a de nouvelles croyances
  • Améliore notre connexion avec nos propres croyances spirituelles
  • Nous connecte au subtil, à notre Moi intérieur et à notre créativité

Véritable Art de Vivre, la pratique du Yoga apporte un équilibre intérieur, axé sur le calme, l'écoute, la présence et permet une meilleure maîtrise de son mental et de ses émotions.

C’est une prise de conscience de l’être dans sa totalité.

Effets du Yoga sur la santé

Sa pratique a des effets bénéfiques en profondeur tant sur le plan physique que sur le plan mental, le yoga peut soulager divers types de maladies répandues aujourd’hui, telles que l’hypertension, les problèmes respiratoires, les troubles digestifs et menstruels, les migraines, le mal de dos, la dépression, l’anxiété et plus encore.

Le yoga propose donc des réponses aux problèmes de l’homme moderne face au stress et aux différentes situations de nos vies quotidiennes.

J’ai volontairement fait le choix de condensé certains termes/certaines parties afin d’y revenir plus en détails dans de prochains articles 😉

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